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Interview : Professeur Philippe Klein

par | Juin 28, 2021 | Interviews | 0 commentaires

Toute crise que nous traversons, au-delà de la pénibilité et du désordre occasionné est toujours une occasion de déceler les failles d’un système. Dans un esprit d’adaptation nous cherchons à développer des réponses et dispositions pour éviter de revivre la situation ultérieurement. Nous avons pu observer lors de la dernière pandémie les avantages et inconvénients des différents gouvernements et leurs systèmes de santé. 

Le Professeur Philippe Klein, chef de clinique à l’hôpital de Wuhan a vécu la pandémie aux premières loges. Il nous partage dans cette interview sa vision de la pandémie et de l’hôpital de demain. 

Professeur Philippe KLEIN

Professeur Philippe KLEIN

Wuhan Clinic Manager Chief Medical Officer

Wuhan Clinic Manager Chief Medical Officer chez AEMC International SOS.

« – Jumo Partners : Bonjour Professeur, pourriez-vous présenter en quelques lignes ?

Philippe Klein : Professeur Philippe Klein, médecin généraliste et chef de clinique à Wuhan depuis 2013 après avoir pratiqué 20 ans en France.

– JP : Quel est votre avis sur l’évolution des pandémies ?

PK : Nous sommes dans un monde de plus en plus peuplé, où nous vivons de plus en plus dans de grandes villes, donc dans une densité de population en hausse. Ces phénomènes de pandémies vont être de plus en plus fréquents, d’où le besoin d’apprendre et développer des fonctionnements pour limiter au maximum l’impact sur notre vie courante.

Une des clés déterminantes est d’identifier rapidement l’agresseur. Quel type de microbe, son mode de transmission, ses niveaux de résistance, et comment évolue-t-il ?

-JP : Vous êtes arrivé en Chine en 2013, que pouvez-vous nous dire quant à l’évolution des hôpitaux chinois ces 8 dernières années ?

Comment les hôpitaux sont en train de s’adapter aujourd’hui pour cela ?

PK : En Chine la culture de l’hôpital est en pleine amélioration mais Chinois comme étranger, le patient n’est pas toujours pleinement satisfait et ce pour plusieurs raisons.

Voici un petit état des lieux lorsque j’avais pris mes fonctions à Wuhan. Tout d’abord, le secret médical n’était pas toujours respecté. Aucune mauvaise intention, c’est juste que la vie privée est vue différemment ici. Ensuite, les équipes ne faisaient pas de liaisons lors des changements de postes. Cela donnait lieu à des auscultations et des examens répétés, semant la confusion et le doute pour le patient. Est-ce que j’ai un autre problème ? Veut-on me faire payer plus de prestations ? Ai-je affaire à une équipe compétente ?

C’est pourquoi il est impératif d’instaurer un climat de confiance entre l’équipe soignante et le patient. C’est un savoir-faire que nous avons en occident et qu’il est important de partager maintenant, d’où ma présence en Chine. Depuis mon arrivée à Wuhan j’ai constaté beaucoup de changements très positifs, en constante évolution.

Par ailleurs, l’hôpital en Chine est régi par la culture de masse, qui devient un véritable accélérateur en cas de pandémie.

 

– JP : Quel est votre recul ou quels sont les apprentissages maintenant par rapport à cette pandémie ?   

PK : Tout d’abord, il est impératif de protéger ses premières lignes. Par exemple en cas d’avarie dans un avion, lorsque les masques à oxygène tombent les consignes sont de se protéger soi avant d’aider les autres. Dans le cadre d’une pandémie, c’est exactement la même chose. Il faut d’abord protéger les soignants pour s’occuper ensuite des patients. Pour cela, chaque entité doit avoir un stock stratégique prêt à être distribué en cas de besoin.

En Chine, se rendre à l’hôpital entraîne une crainte des coûts, ce qui a retardé les diagnostics des chinois. C’est pourquoi le gouvernement avait mis en place une prise en charge complète de tous les soins liés à la COVID pour que les gens aillent au plus vite se faire diagnostiquer et soigner. Deux conséquences à cela : éviter les coups de béliers de personnes infectées engorgeant les urgences et lisser la charge pour les hôpitaux. Le retard de diagnostic et la désorganisation de la réponse médicale alourdit beaucoup les statistiques : dans le cadre de cette épidémie à SRAS CoV2, une réponse optimale, adaptée et organisée entraine 0,5% de mortalité. C’est une loi mathématique froide qui dépend de la nature même de l’agresseur. Alors que lorsque les unités de diagnostic, de soins et les unités spécialisées de réanimation lourde sont totalement débordées et submergées, on observe une surmortalité de la pathologie responsable de l’épidémie mais aussi de toutes les autres pathologies courantes qui touchent au quotidien une population, sans compter les infections nosocomiales. C’est ce que j’appelle un choc sanitaire. Au terme de cette pandémie, le classement des nations développées en fonction de la létalité par nombre d’habitant, donnera une idée de l’importance de ce choc sanitaire pour chacune de ces nations, mais aussi de la capacité à appliquer des mesures pour maitrise le phénomène.

– JP : Et maintenant comment les hôpitaux devraient s’adapter pour le futur, selon vous ?

PK : En prévision de futur pandémies et situations à risque, des aménagements spéciaux tels que des circuits dédiés pour les patients infectés seraient à prévoir. Circuits à part du fonctionnement régulier, avec du personnel équipé et formé aux pandémies et maladies infectieuses.

Augmenter sa capacité d’absorption. Durant la dernière crise, la ville de Wuhan avait construit en un temps record des hôpitaux temporaires de crise (2*2000 lits) afin de délester les structures existantes et limiter les maladies nosocomiales.

Lorsque les capacités de soin viennent à manquer, on observe des retards de soins et l’incapacité d’attribuer des lits à tout le monde. Cela entraîne des séquelles plus graves pour les gens qui ont la chance d’être soignés, et un choix des patients à traiter. Plusieurs critères interviennent : la probabilité de se rétablir avec succès, l’âge, si d’autres pathologies ont déjà atteint le patient… Bien évidemment le choix et la priorisation des patients à traiter est une chose inacceptable pour une société moderne et organisée. Une telle situation entraîne une cicatrice profonde, pour les soignants et les populations, qui altère la confiance collective durablement. C’est pourquoi nous devons éviter cela absolument.

– JP: Donc on comprend bien que la prise en charge des patients va vraiment évoluer dans les années à venir. Que pensez-vous de l’évolution vers l’Internet Hospital ?  

PK : Internet est aujourd’hui devenu un outil indispensable. Cela évite le contact direct, très utile en cas de maladies contagieuses. Cela dit, rien ne remplace le contact humain. Des patients cherchent aussi à être rassurés en allant voir un médecin, et le médecin au cours de l’osculation peut déceler des choses que le patient ne confierait pas de prime abord.

Au-delà de cet aspect relation de confiance, la santé digitale offre tout un lot d’outils très utiles à appliquer pour le bien des patients. Aussi, ces plateformes sont un excellent moyen de communication entre les différents professionnels de santé pour une meilleure efficacité.

– JP : Comment l’industrie peut-elle évoluer pour réduire cet écart dans les années à venir ? Quelles sont les innovations de Produits ou de services qu’il y a besoin de développer aujourd’hui pour préparer le circuit patient de demain ?

PK : Durant la pandémie un service de traitement d’image avec intelligence artificielle avait été testé et éprouvé pour détecter les cas de coronavirus, qui aidait à détromper des faux négatifs. En effet, sur des scans thoraciques la COVID présente des images caractéristiques. Le système les détectait et mettait en évidence les points à vérifier par un médecin humain. Ce fonctionnement avait beaucoup aidé les équipes soignantes.

Aussi, tous ce qui touche aux aménagements de services et structures spécifiques durant la crise de la COVID. Que ce soit des implantations types, du matériel modulable pour faire face à toutes les situations… 

L’hôpital modulable est une clé de la santé du futur. Par exemple la clinique que je dirige avait été vidée en une nuit, où 1000 patients avaient été placés dans des hôpitaux périphériques pour aménager nos services. Sur les 16 étages du bâtiment, les 11 étages supérieurs été dédiés aux patients COVID, et les 5 premiers étages étaient réservés au personnel soignant. Il était préférable de les garder dans nos murs pour limiter la propagation d’une part, et aussi pour pouvoir réagir rapidement en cas d’infection (si cela arrivait malgré nos mesures de protection du personnel). 

Autre aspect à développer, la formation et préparation de personnel soignant pour une meilleure expérience du patient. Comme évoqué précédemment, cet aspect est une différence à combler par rapport aux hôpitaux occidentaux, où les patients sortent en général satisfaits des soins et du service reçus. 

– JP : Quel conseil donneriez-vous aux entreprises pour réussir dans le marché de la santé en Chine ?

PK : Connaître les Chinois. Leur culture, leurs valeurs et leur fonctionnement. D’un point de vue culturel de nombreuses différences nous séparent. Une fois le contact établi, dans un climat d’échange et de confiance beaucoup de choses deviennent possibles.

Toute personne arrivant en Chine avec l’assurance que les pratiques occidentales sont les meilleures se heurtera à un mur. Montrer une attitude d’échange est le premier pas vers une collaboration fructueuse.

Être présent en Chine pour rencontrer les gens en face à face. Gérer les relations à distance ne fonctionne pas avec les chinois. Un management et un contact de proximité sont nécessaires pour une gestion efficace.

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